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munication ; obligé souvent de s’ouvrir un passage par les armes, s’attachant par ses caresses et ses bienfaits ceux qui lui fournissaient volontairement des vivres et de l’or, et faisant dévorer par ses chiens tous les caciques qui entreprenaient de lui résister ; enfin, le 29 janvier de l’année 1514, Balboa rentra glorieux et triomphant dans la colonie, avec plus de quarante mille pesos d’or qu’il rapportait de la dépouille des Américains.

Son premier soin fut d’informer le roi et ses ministres de tant d’importantes découvertes, et des suites qu’on devait s’en promettre. Il chargea de ses lettres Pierre d’Arbolancho, et les accompagna d’une très-grande quantité d’or et de ses plus belles perles. Arbolancho partit au commencement de mars, et son arrivée remplit de joie toute la cour. Le ministre des Indes, qui était passé alors au siége de Burgos, et qui continuait de gouverner les affaires avec une autorité presque souveraine, le reçut avec de grandes marques de faveur, et lui procura le même accueil du roi. Ce prince parut satisfait des services de Balboa, et donna ordre au prélat de ne pas les laisser sans récompense ; mais ce fut un malheur pour ce brave aventurier que son député ne fût point arrivé deux mois plus tôt. Les coups qui devaient entraîner sa ruine étaient déjà portés. Ferdinand, à qui l’on avait fait comprendre que la colonie du Darien méritait beaucoup d’attention, s’était déterminé à lui donner un