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de Cotubama, le dernier de leurs souverains. Il fut pendu à San-Domingo : ses sujets, pressés de toutes parts, furent réduits à de si cruelles extrémités, qu’étant blessés à mort, ils s’enfonçaient de rage leurs flèches dans le corps, les retiraient, les prenaient avec les dents, et les mettaient en morceaux, qu’ils jetaient aux chrétiens. D’autres ayant été faits prisonniers, et se voyant forcés par leurs vainqueurs de courir devant eux pour leur montrer les chemins, se précipitaient volontairement sur les pointes des rochers. Le succès des armes castillanes, et la nouvelle de la mort d’Isabelle, mirent le comble à l’infortune de ces misérables Américains. Le salaire même qu’un ordre de cette princesse leur faisait accorder pour leurs services, et qui était d’une demi-piastre chaque mois, parut une charge trop pesante. Il fut retranché tout-à-fait, et tous ces malheureux furent condamnés au travail, sans distinction d’âge, de sexe ou de rang, et sans autre obligation pour ceux qui les employaient que de les instruire des principes du christianisme. Mais les soins d’Ovando se portaient sur la recherche de l’or. Il en faisait quatre fontes chaque année, deux à Buéna-Ventura, pour les vieilles et les nouvelles mines de Saint-Christophe, et deux à la Conception de Vega, pour les mines de Cibao. Dans la première de ces deux villes, chaque fonte fournissait de cent dix à cent vingt mille marcs. Celles de la Conception donnaient ordinaire-