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trouvé le moyen de s’évader pendant la nuit. Tous les autres arbres étant abandonnés de même par leurs habitans, l’alarme s’était répandue au loin, et tous les caciques de la province se réunirent bientôt en corps d’armée, dans le dessein de repousser leurs tyrans ; mais quand ces malheureux se réunissaient, que faisaient-ils que rassembler des victimes sous les mains des Espagnols ? Le carnage fut horrible, et ce massacre s’appela la conquête d’une province.

Mais Balboa ne perdait pas de vue une entreprise beaucoup plus importante qu’il n’avait pas cessé de méditer depuis les lumières qu’il avait tirées du jeune Comagre. Après y avoir préparé ses gens par ses exhortations et par les plus hautes espérances, il partit avec soixante hommes, et le jeune cacique pour guide, dans un brigantin, qui le porta par mer jusqu’aux terres d’un cacique nommé Careta, avec lequel il avait fait alliance ; de là il prit le chemin des montagnes pour entrer dans le pays de Ronca, autre cacique, qui se cacha dans des lieux fort secrets à l’approche des Castillans, mais qui, se rassurant ensuite par l’exemple de son voisin, prit le parti d’aller volontairement au-devant d’eux, et d’acheter leur amitié par l’offre de tout ce qu’il avait d’or. Balboa accepta d’autant plus joyeusement la sienne, qu’il était bien aise de s’assurer la liberté du passage pour toutes sortes d’événemens ; ensuite, s’étant engagé dans des montagnes fort hautes, il eut à combattre une