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la cour d’Espagne on n’approuvait pas ses entreprises et usurpations sur l’autorité des chefs qu’il avait supplantés, cherchait à se faire pardonner ce que sa conduite pouvait avoir de répréhensible, en rendant quelque grand service, ou en faisant passer l’or du Nouveau-Monde dans les mains de son souverain. Il poussait ses recherches dans le Darien.

Cette région était pleine de marais et de lacs, et la terre presque sans cesse mondée ; les maisons y étaient d’une forme dont on ne connaît pas ailleurs d’exemple. Elles étaient bâties sur les plus gros arbres, qui les enveloppaient de leurs branches, et qui les couvraient de leur feuillage. On y trouvait des chambres et des cabinets d’une charpente assez forte, et chaque famille était ainsi logée séparément. Chaque maison avait deux échelles, l’une qui conduisait jusqu’à la moitié de l’arbre, et l’autre depuis la moitié de l’arbre jusqu’à la porte de la première chambre : ces échelles étaient de canne, et si légères, que, les levant facilement le soir, les habitans étaient en sûreté pendant la nuit contre les attaques des tigres et d’autres animaux voraces, qui étaient en grand nombre dans la province. Ils avaient leurs magasins de vivres dans ces maisons aériennes ; mais ils laissaient leurs liqueurs au pied de l’arbre, dans des vaisseaux de terre ; et lorsque les seigneurs étaient à manger, les valets avaient tant d’adresse et de promptitude à descendre et à monter, qu’ils n’y employaient pas plus de