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point à propos de les poursuivre ; cependant, après quelques jours de repos, voulant se délivrer d’un ennemi qui pouvait l’incommoder à sa retraite, il fit chercher le cacique avec tant de soin, qu’il s’en saisit ; et, pour effrayer ceux qui conservaient encore de l’attachement pour lui, il le condamna au feu. Hatuey était attaché au poteau, lorsqu’un religieux franciscain entreprit de le convertir, et lui parla fortement du paradis et de l’enfer. « Dans le lieu de délices dont vous parlez, lui demanda le cacique, y a-t-il des Espagnols ? Il y en a, répondit le missionnaire. Je n’y veux point aller, » dit le cacique ; et il expira dans les flammes. Tous les caciques vinrent successivement rendre hommage au vainqueur, et la conquête d’une des plus grandes et des plus belles îles du monde ne coûta pas un seul homme aux Espagnols.

La conquête de Cuba fut comme un nouvel aiguillon qui excita plusieurs aventuriers à tenter d’autres entreprises. Ponce de Léon, qui se trouvait sans emploi dans l’île de Portoric, résolut de faire un voyage au nord, où l’on était bien informé qu’il y avait des terres à découvrir. Il aperçut la côte qu’il nomma Floride, à cause de l’aspect agréable qu’elle présentait, et il doubla le cap de Corientes, sans savoir si la terre qu’il avait vue était une île ou tenait au continent. Avant de retourner à Portoric, il chargea un officier et un pilote d’ordres secrets qui, fondés sur des chimères,