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midi, qu’il montrait du doigt ; qu’on trouverait d’abord un cacique d’une extrême richesse, et plus loin une grande mer, sur laquelle on voyait des vaisseaux un peu moins grands que ceux des Espagnols, mais équipés de voiles et de rames ; et qu’au delà de cette mer, on arriverait dans un royaume où l’or était si commun, que les habitans mangeaient et buvaient dans de grands vases de ce métal, et le faisaient servir aux mêmes usages qu’il voyait faire aux Castillans de ce qu’ils nommaient du fer. Enfin le jeune cacique s’offrit de leur servir de guide avec une partie des sujets de son père. Un avis de cette importance pour tous les habitans de la colonie leur fit pardonner à l’Américain sa hardiesse et ses reproches. Balboa, en faisant partir Valdivia pour Espagnola, le chargea particulièrement de communiquer à l’amiral une nouvelle si capable de lui faire hâter les secours qu’il avait promis. Mais le malheur de l’envoyé retarda pendant plusieurs années l’honneur et l’utilité que Balboa en devait tirer.

Cependant l’humanité foulée aux pieds dans ces malheureuses contrées commençait enfin à élever sa voix, et le respect dû à la vérité oblige d’avouer que les premiers cris se firent entendre par la bouche d’un moine dominicain. Espagnola continuait de perdre ses habitans naturels, sans que les ordonnances du roi fussent capables de réprimer la tyrannie des Castillans. Un prédicateur nommé Antoine Montesino, qui s’était fait une grande réputa-