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le remettre au trésor royal de San-Domingo, montait à quinze cents pesos, c’est-à-dire trois cents marcs d’or.

La fortune l’avait traité encore avec plus de faveur en lui donnant les premiers indices de la plus grande et la plus heureuse de toutes les découvertes de l’Espagne. Un jour que le fils d’un cacique nommé Comagre, allié de la colonie, lui avait présenté beaucoup d’or, il s’éleva pour la répartition une querelle fort vive entre les Castillans. Le jeune Américain, étonné de cette furieuse passion pour un métal dont il ne faisait pas le même cas, s’approcha de la balance, la secoua d’un air d’indignation, et renversa tout l’or qu’il avait apporté. Ensuite, se tournant vers les Castillans, auxquels il reprocha de se quereller pour une bagatelle, il leur dit que, puisque c’était apparemment ce métal qui leur avait fait abandonner leur patrie, et qui leur faisait essuyer tant de fatigues, courir tant de dangers, et troubler tant de peuples qui avaient toujours vécu dans une paix profonde, il voulait leur faire connaître un pays dans lequel ils trouveraient de quoi remplir tous leurs désirs ; mais que, pour y pénétrer, ils avaient besoin de forces plus nombreuses, parce qu’ils y auraient à combattre de puissans rois et des nations guerrières. On lui demanda de quel côté était le pays qui renfermait de si beaux présens du ciel. Il répondit que du sien il y avait six soleils, c’est-à-dire six journées de marche, en tirant au