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On ne répondit à ce discours que par des railleries et des menaces. Comme il était fort tard, il prit le parti de jeter l’ancre, et de passer la nuit dans sa caravelle. Lorsque le jour parut, on lui fit dire qu’il pouvait débarquer ; mais au moment qu’il toucha la terre, il s’aperçut qu’on cherchait à se saisir de sa personne, et c’était en effet le dessein de ses ennemis. Il eut assez de légèreté pour leur échapper par la fuite, d’autant plus que Balboa empêcha qu’on le poursuivît. La crainte de tomber entre les mains des sauvages le fit sortir d’un bois où il s’était retiré, et s’étant approché de la colonie, il fit dire aux habitans que, s’ils ne voulaient pas le recevoir en qualité de gouverneur, il demandait d’être reçu du moins comme leur compagnon, ou d’être enchaîné, s’ils le désiraient, et qu’il aimait mieux mourir près d’eux dans les fers que de retourner à Nombre de Dios pour y périr par des flèches empoisonnées. Cette proposition ne servit qu’à lui attirer du mépris et de nouvelles injures. Cependant Balboa, qui regrettait de s’être opposé à sa réception, entreprit de faire revenir les esprits en sa faveur. Il fit même punir ceux qui l’avaient outragé, et, lui conseillant de rentrer dans sa caravelle, il lui recommanda de n’en point sortir, s’il ne le voyait lui-même au nombre de ceux qui pourraient l’inviter à descendre. De quelque source que fût parti ce conseil, le dernier malheur de Nicuessa vint de ne l’avoir pas suivi. Trois Castillans de la colonie, fei-