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trouvées sur les bords du Darien, il l’entendit répondre, devant tous ceux qui venaient le reconnaître pour leur chef, que cette nouvelle ville ayant été bâtie sur son terrain, les fondateurs méritaient d’être punis, et qu’aussitôt qu’il y serait arrivé il ferait sentir sa colère aux coupables ! Un langage si déplacé fit une égale impression sur tout le monde ; mais, par une seconde imprudence qui mit le comble à la première, Nicuessa fit partir avant lui une caravelle pour le Darien, tandis que, dans l’espérance apparemment de trouver de l’or, il employa plusieurs jours à visiter quelques îles voisines. Ses députés portèrent la nouvelle de ses dispositions avec celle de son départ. Lorsqu’il parut à la vue du port, Balboa se présenta sur le rivage, et lui fit crier qu’il était le maître de retourner à Nombre de Dios, mais qu’on était résolu de ne le pas laisser descendre dans la province du Darien.

Une déclaration si peu attendue le jeta dans un étonnement qui lui ôta d’abord la force de répondre. Après avoir rappelé ses esprits, il représenta aux Castillans qui s’opposaient à sa descente qu’il était venu sur leur invitation, et qu’il ne pensait qu’à se rendre utile à la colonie par un sage gouvernement. Il demanda du moins la liberté de descendre et celle de s’expliquer. Il s’abaissa jusqu’à protester que, s’ils ne le jugeaient pas digne du commandement après l’avoir entendu, il consentait à se voir traité comme ils le jugeraient à propos.