Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

frirent tous les tourmens de la faim, de la soif et de la chaleur. Enfin quatre matelots arrivèrent dans une chaloupe, à l’entrée de la rivière de Belem, où ils rencontrèrent Olano, qui avait différé jusqu’alors à mettre à la voile, et lui donnèrent avis que Nicuessa venait par terre le long du rivage. Olano crut l’occasion favorable pour rentrer en grâce ; il lui envoya sur-le-champ quelques provisions dans un brigantin : on n’alla pas loin sans le rencontrer, mais avec quelque joie qu’il dût recevoir un secours auquel il devait la vie, il demeura long-temps ferme dans la résolution qu’il avait prise de punir du dernier supplice la trahison de son lieutenant, qui avait coûté la vie à plus de quatre cents hommes. Cependant il lui fit grâce à la prière de ses gens, qui se jetèrent tous à ses pieds pour le fléchir ; mais il le retint prisonnier, dans la résolution de le renvoyer en Espagne.

Les Castillans tirèrent peu de fruit de leur réunion. Ils retombèrent bientôt dans tous les maux dont ils s’étaient crus délivrés, et la faim devint le plus pressant. Nicuessa leur permit de se répandre dans le pays, et d’employer la violence pour forcer les habitans à leur fournir des vivres ; mais ces peuples, qui étaient bien armés, se défendirent avec beaucoup de vigueur. Leur résistance ayant ôté toute ressource à leurs ennemis, on vit le besoin et le désespoir produire un effet qui était peut-être sans exemple. Trente Castillans ayant un jour trou-