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troupes. Le passage du lac faisait son principal embarras : cette difficulté lui paraissait terrible depuis que les Mexicains, ayant trouvé le secret de rompre les ponts et les chaussées, ne lui avaient pas laissé d’autre ressource que les ponts volans. Il s’arrêta au projet de faire construire douze ou treize brigantins capables de résister à leurs canots, et de conduire son armée jusqu’au centre de leur ville. Quoique des montagnes de Tlascala au bord du lac on ne comptât pas moins de seize lieues, il se flatta de pouvoir faire porter cette petite flotte en pièces sur les épaules des Tamènes. Martin Lopez, dont il connaissait l’habileté pour ces entreprises, ayant trouvé de la vraisemblance à son dessein, il lui donna le commandement de tous les Espagnols qui entendaient la charpente, avec le pouvoir d’employer les Américains à couper du bois. L’ordre fut donné en même temps d’apporter de Vera-Cruz le fer, les mâts et tous les agrès des vaisseaux qu’on avait coulés à fond. Cortez avait observé que les montagnes de Tlascala produisaient quelques espèces d’arbres dont on pouvait tirer de la poix ; il les fit ébrancher, et l’on en tira tout le brai nécessaire pour caréner ses brigantins.

La poudre commençait à lui manquer ; il imagina d’en composer une d’une qualité très-fine, en faisant tirer du soufre de ce volcan qu’Ordaz avait reconnu : il jugea qu’une matière si combustible devait être un aliment certain pour la flamme. Montano et Mesa,