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et sur la plaine. L’ouvrage fut conduit avec tant d’habileté par les officiers espagnols, et poussé avec tant de chaleur par les Tépéaques mêmes, qu’il fut achevé dans l’espace de quelques jours. Cortez laissa un sergent et vingt soldats pour la garde de cette place qu’il nomma Segura de la frontera, ou Sûreté de la frontière, et qui fut la seconde ville espagnole de l’empire du Mexique.

Il fut bientôt occupé de soins plus importans : on apprit que l’empereur qui avait succédé à Montëzuma était mort, et que les Mexicains avaient élevé sur le trône Guatimozin, jeune prince dont le caractère semblait promettre un règne éclatant. Il avait commence par se livrer entièrement au soin des affaires. Plusieurs règlemens en faveur de la milice lui avaient attaché les officiers et les soldats ; il ne s’était pas moins efforcé de gagner l’affection du peuple en le déchargant d’une partie des impôts ; et, prenant avec les nobles une méthode inconnue jusque alors au Mexique, il s’établissait un nouvel empire sur les cœurs par une familiarité majestueuse qui tempérait ces excès d’adoration que ses prédécesseurs avaient exigés. Cortez regarda ces préludes d’une sage administration comme autant d’obstacles qui se formaient contre ses desseins : il s’était promis la conquête du Mexique, et l’inviolable fidélité des Tlascalans le confirmait dans cette résolution, sans compter un grand nombre de nouveaux alliés qui lui offraient de se joindre à ses