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quels que fussent les motifs de Xicotencatl, ils n’ôtaient rien à la force des raisonnemens : cependant l’intérêt de l’honneur et de la bonne foi prévalut dans l’assemblée. Toutes les voix se déclarèrent contre l’attentat d’un jeune mutin qui voulait troubler la tranquillité publique, diffamer les décrets du sénat, et ruiner le crédit de la nation ; quelques avis allèrent à la mort du coupable ; et, ce qui doit causer encore plus d’étonnement, le père même de Xicotencatl, que cette qualité n’avait point empêché d’assister au sénat, fut un de ceux qui soutinrent cette opinion avec le plus de force, sacrifiant toutes les affections du sang à l’honneur de sa patrie ; mais sa constance et sa grandeur d’âme touchèrent si vivement ceux qui avaient pensé comme lui, qu’ils revinrent en sa faveur au sentiment le plus modéré. Son fils fut arrêté par les exécuteurs ordinaires de la justice ; il fut amené devant ses juges, sans armes et chargé de chaînes. On lui ôta le bâton de général que l’on jeta du haut en bas des degrés du tribunal. Cette humiliation le força de recourir à Cortez, qui s’empressa aussitôt de demander grâce pour lui, et de le faire rétablir dans sa dignité. Mais la plaie était trop profonde pour se fermer aisément, et ce cœur fier ne déguisa ses projets de vengeance que pour attendre l’occasion de les faire éclater.

La guerre, qui fut entreprise aussitôt contre les Tépéaques donna, pendant quelques semaines une distraction à sa fureur : elle fut