Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eurent la déférence de faire approuver leur conduite à Cortez. Les Mexicains firent leur entrée avec beaucoup d’éclat : leur parure et le cortège dont ils étaient suivis formèrent un spectacle imposant pour une nation qui ne connaissait que l’agriculture et la guerre ; ils furent admis dans l’assemblée du sénat. Après avoir nommé leur maître avec un grand nombre de titres et de profondes soumissions, ils offrirent de sa part aux Tlascalans une paix sincère, une alliance perpétuelle, un commerce libre et des intérêts communs, à condition que la république prendrait incessamment les armes contre les Espagnols, ou que, pour s’en défaire plus facilement, elle tirerait avantage de l’imprudence qu’ils avaient eue de se livrer entre ses mains. À peine eurent-ils le temps d’achever cette proposition, qu’ils furent interrompus dès les premiers mots par un murmure confus, d’où l’on passa bientôt aux plus vives marques d’indignation et de colère. Cependant, après les avoir renvoyés à leur logement pour y attendre une réponse, le sénat prit un tempérament digne de sa prudence et de sa bonne foi ; il leur fit déclarer par quelques députés qu’il accepterait volontiers la paix, lorsqu’elle serait proposée à des conditions raisonnables et glorieuses pour les deux états ; mais que les Tlascalans respectaient les lois de l’hospitalité, et n’étaient point accoutumés à payer la bonne foi par la perfidie. Diaz ajoute que les ambassadeurs partirent sans réplique,