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disgrâce l’affligea beaucoup, parce que dans ses projets il avait compté sur ce supplément, et que l’expérience lui avait appris qu’un Espagnol valait plusieurs milliers d’Américains. Il sentit la nécessité de châtier les auteurs de cette perfidie, d’autant plus que, la province de Tépéaca se trouvant dans une situation qui rompait la communication de Vera-Cruz à Mexico, il fallait s’assurer de ce passage avant de former d’autres entreprises. Cependant il suspendit la proposition qu’il voulait faire au sénat d’assister les Espagnols dans cette expédition, parce qu’il apprit que depuis peu de jours les Tépéaques avaient ravagé quelques terres des Tlascalans, et qu’il jugea que la république aurait recours à lui pour venger cette insulte. En effet, les principaux sénateurs l’ayant supplié d’embrasser leurs intérêts, il se vit en état d’accorder une grâce qu’il pensait à demander.

Un autre incident vint troubler ses résolutions. On reçut avis de Gualipar que trois ambassadeurs de la cour impériale, envoyés à la république, n’attendaient que la permission du sénat pour venir exécuter leur commission. Cette démarche parut fort étrange : quoique les sénateurs ne pussent douter qu’elle ne regardât les Espagnols, et qu’ils fussent bien affermis dans la fidélité qu’ils avaient promise à leurs alliés, ils se déterminèrent à recevoir les ambassadeurs, pour tirer avantage de cet acte d’égalité, dont l’orgueil des princes mexicains n’avait point encore fourni d’exemple ; mais ils