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Son entrée dans Tlascala ne fut différée que de trois jours, et se fit avec une pompe dont la description n’a rien de barbare. Mais au milieu des fêtes, sa dernière blessure, qui avait été mal pansée dans un si continuel exercice, porta au cerveau une violente inflammation, suivie d’une fièvre qui abattit entièrement ses forces, et qui fit tout appréhender pour sa vie. Les Espagnols regardèrent ce contre-temps comme le plus grand malheur, et tombèrent dans une consternation qui aurait pu les exposer au dernier péril chez un peuple moins ami de la bonne foi. On assure que Cortez ne dut sa guérison qu’à leur habileté ; et la joie publique, dont les éclats remplacèrent l’excès de la douleur, acheva de le convaincre qu’il pouvait tout attendre de l’affection des Tlascalans.

Depuis les troubles de Mexico, il n’avait reçu aucune nouvelle de sa colonie ; et cette négligence de Rodrigue Rangel, que Sandoval y avait laissé pour son lieutenant, commençait à lui causer de l’inquiétude. Les courriers de la république, aussi prompts que ceux des Mexicains, lui rapportèrent en peu de jours que tout était tranquille à Vera-Cruz, et que les alliés voisins vivaient dans une parfaite intelligence avec leurs hôtes ; mais que cinquante-huit soldats espagnols, qui étaient partis pour le joindre, n’ayant pas fait connaître ce qu’ils étaient devenus, il y avait beaucoup d’apparence qu’en traversant la province de Tépéaca, ils avaient été massacrés par les habitans. Cette