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sa blessure animant ses soldats à la vengeance, ils firent main basse sur un si grand nombre de Mexicains, qu’on ne le fait pas monter à moins de vingt mille. Cette victoire passe pour une des plus célèbres que les Européens aient jamais remportées dans l’Amérique ; et ce fut entièrement l’ouvrage du général.

Cortez, ayant rassemblé ses troupes, ne pensa qu’à profiter de la consternation des ennemis pour continuer sa marche. Il se trouva le lendemain sur les terres des Tlascalans, qu’il reconnut à la grande muraille que ces peuples avaient élevée pour la défense de leurs frontières, et dont les ruines subsistent encore. La joie des Espagnols fut proportionnée aux souffrances et aux dangers dont ils se voyaient heureusement délivrés. Les Tlascalans baisaient la terre de leur patrie, qu’ils avaient désespéré de revoir. On passa la nuit près d’une fontaine, qui acquit dans cette occasion une célébrité qu’elle conserve dans l’histoire. Cortez prit ce temps pour représenter à ses soldats de quelle importance il était d’entretenir par toutes sortes d’égards l’amitié d’une république à laquelle ils avaient tant d’obligations ; et quoiqu’il y eût la même confiance, il résolut de s’arrêter en chemin pour s’assurer de la disposition du sénat. On alla loger, avant la fin du jour, à Gualipar, grosse bourgade, dont les habitans vinrent au-devant de l’armée avec des transports de joie et d’affection. Cortez accepta leurs offres, et prit le parti d’établir son quartier dans leurs murs.