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dait de la victoire entre deux partis. Ne pouvant douter du trouble et de l’épouvante que le mouvement de ses chevaux causait aux ennemis, il résolut de faire un effort extraordinaire pour enlever cette fatale enseigne. Il appela Sandoval, Alvarado, Olid, et Avila, auxquels il communiqua son dessein ; et, suivi de ces quatre braves avec une partie des cavaliers qu’ils avaient sous leurs ordres, il poussa au grand galop vers le général des Mexicains. Les chevaux n’ayant pas manqué de s’ouvrir un passage, il pénétra heureusement jusqu’à l’étendard, qui était environné d’un corps de nobles, et, pendant que ses compagnons écartaient cette garde à coups d’épée, il porta au général un coup de lance qui le fit tomber de sa litière. Les nobles étant déjà dispersés, un simple cavalier descendit de son cheval, ôta au général le peu de vie qui lui restait, et prit l’étendard, qu’il présenta respectueusement à Cortez.

Les barbares n’eurent pas plus tôt vu ce précieux dépôt au pouvoir de l’ennemi, qu’ils abattirent les autres enseignes, et que, jetant leurs armes, ils prirent de tous côtés la fuite vers les bois qui couvraient le revers des montagnes. Dans un instant le champ de bataille demeura libre aux Espagnols. Cortez fit poursuivre les fuyards, parce qu’il était important de les disperser. Il avait reçu à la tête un coup de pierre qui avait percé son casque, et qui lui laissa une douloureuse contusion. La vue de