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que dans les plus importantes occasions. C’était un filet d’or massif pendant au bout d’une pique, et couronné de plusieurs plumes, qui tiraient beaucoup d’éclat de la variété de leurs couleurs.

Ce spectacle, que Cortez eut bientôt lui-même, le jeta dans un étonnement dont il ne revint que pour implorer le secours du ciel. Il ne pouvait s’imaginer d’où tant d’hommes armés étaient sortis ; et lorsque les Tlascalans lui eurent fait reconnaître aux enseignes ceux qu’il avait déjà rencontrés, en lui expliquant le chemin qu’ils avaient dû prendre pour une marche si prompte, il comprit à quoi il était redevable du repos dont on l’avait laissé jouir dans la sienne. Toutes ses espérances ne consistant plus que dans la valeur de ses troupes, il leur déclara qu’il était question de mourir ou de vaincre. Sa première résolution fut de s’ouvrir un passage au travers des ennemis, dans l’endroit le plus étroit de la vallée, où il semblait que, l’espace leur manquant pour s’étendre devant lui, il n’aurait à forcer que ceux qui occupaient ce terrain, sans craindre l’effort de leurs plus nombreuses légions, qui demeuraient inutiles des deux côtés, ou qui ne pourraient l’incommoder beaucoup dans l’éloignement. Il forma, suivant cette idée, une seule colonne de son infanterie, dont toutes les files furent bordées alternativement d’arquebuses et de piques. La cavalerie, qui était en possession d’épouvanter les Mexicains par le seul