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que l’armée ne fut menacée d’une embuscade ou de quelque autre trahison. Il avait remarqué plus d’une fois dans les Mexicains cet empressement maladroit à découvrir ce qu’ils avaient le plus d’intérêt de cacher. Ses soupçons ne retardèrent point sa marche ; mais il en prit occasion d’animer ses troupes ; et, s’étant fait précéder de quelques coureurs, il apprit d’eux que du haut de la montagne on découvrait dans la vallée une multitude innombrable d’ennemis. C’était non-seulement la même armée qui s’était retirée la première nuit, mais l’assemblée régulière des principales forces de l’empire, qui, ayant été convoquées à Mexico pour attaquer les Espagnols dans leur quartier, avaient reçu ordre, après leur départ, de s’avancer par divers chemins jusqu’à la vallée d’Ottumba, où leurs ennemis devaient nécessairement passer, et d’y faire un dernier effort pour les accabler par le nombre. Elles avaient marché avec tant de diligence, qu’elles occupaient déjà toute la vallée. Un projet concerté avec cette justesse paraît digne des lumières et de l’expérience des nations les plus éclairées. Ces troupes étaient composées de différens peuples, qui se faisaient distinguer par la diversité de leurs enseignes et de leurs plumes. Au centre, le général de l’empire, élevé sur une magnifique litière, paraissait donner ses ordres et les faire exécuter à sa vue. Il portait l’étendard impérial, qui n’était jamais confié à d’autres mains que les siennes, et qu’on n’employait