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rut alors fut distribué aux malades. Cette fâcheuse marche ayant duré plusieurs jours sans autre adoucissement que la tranquillité où l’on était de la part des Mexicains, on arriva vers le soir à l’entrée d’un petit bourg, dont les habitans, loin de se retirer comme tous ceux qu’on avait rencontrés jusqu’alors, témoignèrent autant de joie que d’empressement à servir les Espagnols ; mais ces soins et ces caresses étaient un stratagème pour les arrêter, et pour les faire donner de meilleure foi dans le piége qui les attendait. Ils ne laissèrent pas d’en tirer un avantage considérable pour rétablir leurs forces. On leur apporta des vivres en abondance. Ils en reçurent même des bourgs voisins, qui contribuèrent sans violence au soulagement des étrangers, et qui semblaient vouloir leur faire oublier ce qu’ils avaient souffert dans une route si pénible.

L’armée se remit en marche vers la montagne d’Ottumba, dont la côte opposée donnait sur une vallée du même nom, et qu’il fallait nécessairement traverser pour arriver sur les terres des Tlascalans. On reconnut, en quittant le bourg, que les habitans prenaient des manières fort différentes, et que leurs discours n’étaient plus que des railleries, qui semblaient témoigner une autre espèce de joie. Marina observa qu’ils répétaient entre eux : « Allez, brigands, vous serez bientôt dans un lieu où vous périrez tous. » Un langage de cette nature donna de l’inquiétude à Cortez. Il ne douta point