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ses gens y montaient par toutes les avenues. Divers pelotons d’arquebusiers qu’il plaça sur la pente ôtèrent aux ennemis le courage de tenter un assaut, et donnèrent aux Espagnols le temps de se fortifier. Ce lieu, qu’ils regardaient comme leur salut, était un temple d’idoles que les Mexicains invoquaient pour la fertilité de leurs moissons. L’enceinte de l’édifice était spacieuse, et fermée d’un mur flanqué de tours, qu’avec un peu de travail on pouvait rendre capable d’une bonne défense. La joie fut si vive de se trouver dans une retraite qu’on crut devoir à la protection du ciel, que, cette réflexion subsistant même après le péril, Cortez y fit bâtir dans la suite un ermitage sous le nom de los Remedios. Les ennemis, après avoir employé le reste du jour en cris et en menaces, se retirèrent, suivant leur usage, à l’entrée de la nuit.

Il était question de délibérer entre deux partis, dont il semblait qu’on avait le choix : celui de se maintenir dans un poste où l’on croyait pouvoir défier les Mexicains, et celui de se remettre en marche dans le cours même de la nuit ; mais la nécessité des vivres qui commençait à se faire sentir ayant fait abandonner le premier, on résolut, malgré la fatigue des soldats et des chevaux, de partir après quelques heures de repos. Ce délassement fut si court, que l’ordre fut donné avant minuit. Cortez fit allumer des feux pour cacher sa résolution aux ennemis. Il donna le commandement de l’a-