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Le jour commençait à paraître lorsque tous les débris de l’armée, rassemblés sur le bord du lac, allèrent se poster près de Tacuba, ville fort peuplée, qui donnait son nom à la principale rue de la capitale. On y pouvait craindre quelque insulte des habitans ; mais Cortez crut devoir en courir les risques, autant pour ôter l’air de fuite à sa retraite que pour recueillir ceux qui pouvaient s’être échappés du combat. Cette précaution sauva quelques Espagnols et quantité de Tlascalans qui, s’étant jetés à la nage, étaient arrivés au bord du lac, où ils s’étaient cachés dans les champs voisins. On trouva, dans la revue générale de l’armée, qu’il manquait deux cents Espagnols, plus de mille Tlascalans, et tous les prisonniers mexicains, dont les uns étaient échappés à leur garde, et les autres avaient péri dans l’obscurité par les armes de leur nation. Aguilar et Marina avaient passé fort heureusement le lac ; et toute l’armée, qui sentait l’importance de leur conservation, revit avec des transports de joie deux personnes si nécessaires pour traverser les nations inconnues ou suspectes, et pour se concilier celles dont on espérait l’assistance. La plus vive douleur de Cortez venait de la perte de ses officiers. Pendant que le brave Alvarado réglait l’ordre de la marche, il s’assit sur une pierre, où, se livrant à ses tristes réflexions, il s’attendrit jusqu’à répandre des larmes[1]. On remarqua ses

  1. Le souvenir de cette nuit fatale s’est conservé dans la