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du passage avec quelques-uns de ses plus braves gens ; mais, avant que le corps de bataille eût achevé de passer, on se vit dans la nécessité de prendre les armes.

L’adresse des Mexicains est remarquée avec admiration par les historiens. Ils avaient observé tous les mouvemens de leurs ennemis avec une dissimulation dont on ne les avait pas cru capables. Par quelque voie qu’ils eussent appris la résolution du départ, ils avaient employé la nuit à couvrir le lac, des deux côtés de la digue, d’une multitude de canots armés ; et, s’aidant aussi de l’obscurité, ils avaient attendu que l’avant-garde fût engagée sur la chaussée pour commencer leur attaque. Cette entreprise fut conduite avec tant de mesure, que, dans le même temps qu’ils firent entendre l’effroyable bruit de leurs cris et de leurs instrumens militaires, on sentit les atteintes de leurs flèches. D’un autre côté, leurs troupes de terre étant tombées sur l’arrière-garde, le combat devint général, avec le désavantage pour les trois divisions espagnoles de ne pouvoir se rassembler dans leur situation ni se prêter le moindre secours. Aussi furent-elles si maltraitées, que, de l’aveu même de Cortez dans sa relation, si les Mexicains, qui avaient des troupes de reste, avaient eu la précaution d’en jeter une partie au bout de la digue, il ne serait pas échappé un seul de ses gens, et tous ces braves guerriers auraient trouvé leur tombeau dans le lac.