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Vers la nuit, on envoya deux prisonniers à la ville sous prétexte de hâter la conclusion du traité, et dans l’espérance de tromper les Mexicains par cette feinte, en leur faisant juger qu’on attendait tranquillement leur réponse : mais Cortez ne pensait qu’à profiter d’un temps précieux. Il donna ses ordres avec des soins et des précautions qui semblaient tout embrasser. Deux cents Espagnols, qui devaient composer l’avant-garde avec les plus braves Tlascalans et vingt cavaliers, reçurent pour chefs Gonzalez de Gondoval, Azebedo, Ordaz, André Tapia et Lugo. L’arrière-garde, un peu plus nombreuse, fut confiée aux officiers qui étaient venus avec Narvaëz, sous le commandement de Pierre d’Alvarado et de Jean Vélasquez de Léon. Le corps de bataille, composé du reste des troupes, fut chargé de la conduite de l’artillerie, du bagage et des prisonniers. Cortez réserva près de sa personne cent soldats choisis, sous les capitaines Alphonse d’Avila, Olid et Bernardin Tapia, pour être en état de veiller sur ses trois divisions, et de porter du secours aux endroits les plus pressans. Après avoir expliqué ses intentions, il se fit apporter le trésor qui avait été jusqu’alors sous la garde de Christophe de Gusman. Il en tira le quint de la couronne pour le remettre aux officiers royaux, et quelques chevaux blessés en furent chargés. Le reste montait à plus de sept cent mille écus, qu’il résolut d’abandonner, en déclarant qu’il serait