Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sade avait cessé par la mort du grand Montézuma, dont la bonté le retenait à la cour, et qu’il ne demandait que des conditions raisonnables pour exécuter cette résolution. Les députés parurent satisfaits de sa réponse, et convinrent d’une suspension d’armes en attendant d’autres explications ; mais rien n’était plus éloigné de l’intention des Mexicains que d’ouvrir le chemin de la retraite à leurs ennemis. Ils pensaient, au contraire, à se donner le temps de leur couper tous les passages pour les resserrer plus que jamais dans leur quartier, et les affamer par un siége opiniâtre qui les livrerait tôt ou tard à leur discrétion. Ils regrettaient, à la vérité, plusieurs caciques du cortége de Montézuma, qui se trouvaient au pouvoir des Espagnols, et qui étaient menacés de périr avec eux par la faim ; mais on décida dans le conseil du nouvel empereur qu’ils seraient trop heureux de mourir pour la patrie. Le seul qu’ils se crurent obligés de délivrer, par respect pour leurs dieux, fut le chef des sacrificateurs, qui était dans la même prison, et qu’ils révéraient comme la seconde personne de l’état. C’était particulièrement dans cette vue qu’ils avaient proposé la suspension d’armes, et leur adresse eut le succès qu’ils s’en étaient promis. Les mêmes députés retournèrent le soir au quartier : ils firent entendre que, pour éviter les contestations et les retardemens, Cortez devait choisir quelque Mexicain d’une considération qui mé-