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était obligé de s’ouvrir pour éviter le choc, et les rangs ne pouvaient se rompre sans perdre nécessairement du terrain.

Cortez, qui courait à cheval dans tous les lieux où l’on combattait, reconnut l’obstacle qui arrêtait la troupe d’Escobar ; ne consultant que son courage, il mit pied à terre, se fit attacher une rondache au bras où il était blessé, se jeta sur les degrés l’épée à la main, et son exemple inspira tant de courage à ses gens, qu’ils ne connurent plus le péril. En un instant les difficultés furent vaincues : on gagna heureusement la terrasse, où l’on en vint aux mains à coups d’épées et de massues. La plupart des Mexicains étaient des nobles, et leur résistance prouva quelle différence l’amour de la gloire est capable de mettre entre les hommes. Ils se laissaient couper en pièces plutôt que d’abandonner leurs armes ; quelques-uns se précipitèrent par-dessus les balustrades, dans l’opinion qu’une mort de leur choix était la plus glorieuse. Tous les ministres du temple, après avoir appelé par de grands cris le peuple à la défense de leurs dieux, moururent en combattant ; et, dans l’espace d’un quart d’heure, Cortez se vit maître de ce poste par le massacre de cinq cents hommes qui le gardaient.

Il fit transporter dans son quartier les vivres qu’il trouva dans les magasins du temple, et les Tlascalans furent chargés de mettre le feu aux tours, qui furent consumées en un instant. Le combat durait encore à l’entrée des rues, sur-