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tenu dans la plus honteuse captivité. À la valeur qui brave la multitude ils opposent cette valeur, plus difficile peut-être, qui affronte la mort présentée sous une forme nouvelle et terrible ; ils s’instruisent au milieu du carnage et se disciplinent dans la destruction. Par le petit nombre de leurs ennemis ils comprennent que l’obstination à mourir est, avec le temps, un moyen sûr de les vaincre, et qu’en échangeant la vie de mille Mexicains contre celle d’un Espagnol, ils anéantiront la tyrannie dans des fleuves de sang. Ce calcul est, si l’on veut, celui du désespoir ; mais ce désespoir est magnanime et il est probable que, sans la mort de Montézuma, il aurait à la fin délivré le Mexique et achevé la perte des Espagnols. C’est la mort de ce prince qui peut-être empêcha leur ruine ; et le repentir, la consternation des Mexicains qui leur fait tomber les armes des mains au milieu de leur plus terrible emportement, fait encore l’éloge de leur sensibilité, et les justifie d’une mort qui ne peut guère être imputée qu’au mouvement de quelques séditieux, qui, dans un pareil trouble, entraînent aisément une multitude furieuse et effrénée.

Cortez prit d’abord le parti d’assembler les officiers mexicains qui n’avaient jamais quitté leur maître, et d’en choisir six qu’il chargea de porter son corps dans la ville. Quelques sacrificateurs qui avaient été pris dans les actions précédentes servirent de cortèée, avec ordre de dire aux chefs des séditieux « que le géné-