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qu’ils faisaient éclater pour sa liberté ; mais, après avoir ajouté qu’il était fort éloigné de leur en faire un crime, quoiqu’il y trouvât de l’excès, il les assura qu’ils s’étaient trompés s’ils avaient cru que les Espagnols le retinssent malgré lui ; que c’était volontairement qu’il demeurait avec eux pour s’instruire de leurs usages, pour reconnaître le respect qu’ils lui avaient toujours rendu, et pour marquer une juste considération au puissant monarque qui les avait envoyés ; qu’il avait pris néanmoins la résolution de les congédier, et qu’ils consentaient eux-mêmes à s’éloigner incessamment de sa cour ; mais qu’il ne pouvait exiger avec justice que leur obéissance prévint celle de ses sujets. Là-dessus il donna ordre à tous ceux qui le reconnaissaient pour leur maître de quitter les armes, et de retourner paisiblement à la ville, contens, comme ils devaient l’être, de sa parole et du pardon qu’il leur accordait.

Ce discours fut écouté sans interruption, et personne n’eut l’audace d’y répondre ; mais personne aussi ne parut disposé à quitter les armes ; un profond silence, qui continua pendant quelques momens, semblait marquer de l’incertitude. Le bruit ne recommença que par degrés ; il venait de ceux qui travaillaient sourdement à rallumer le feu ; et le nombre en était fort grand, puisque, suivant quelques écrivains, on avait déjà fait l’élection d’un nouvel empereur, ou que, suivant les autres, elle était du moins résolue.