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geait à propos de se montrer à ses sujets pour leur donner ordre de se retirer, et pour inviter les nobles à lui venir exposer paisiblement leurs prétentions. Cortez approuva d’autant plus cette ouverture, qu’elle pouvait donner quelques momens de repos à ses soldats.

L’empereur, quoique fort agité et incertain du succès, se hâta de prendre tous les ornemens de sa dignité, le manteau impérial, le diadème, et toutes les pierreries qu’il ne portait que dans le plus grand appareil de sa puissance. Cette pompe lui parut nécessaire pour se faire reconnaître et pour imposer du respect. Il se rendit, avec les nobles Mexicains qui étaient demeurés à son service, sur le rempart opposé à la principale avenue du château. Les soldats espagnols de ce poste formèrent deux haies à ses côtés. Un de ses officiers, s’avançant jusqu’au parapet, avertit les habitans à haute voix de préparer leur attention et leur respect pour le grand Montézuma, qui venait écouter leurs demandes et les honorer de ses faveurs. À ce nom les mouvemens et les cris s’apaisèrent. Une partie des mutins se mit à genoux ; quelques-uns se prosternèrent jusqu’à baiser la terre. L’empereur, après avoir parcouru des yeux toute l’assemblée, les arrêta sur les nobles, et, distinguant ceux qu’il connaissait, il leur commanda de s’approcher. Il les appela par leurs noms ; il leur prodigua les titres de parens et d’amis. Leur silence paraissant répondre de leurs dispositions, il les remercia du zèle