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jeune homme de ceux qui étaient venus avec Enciso proposa une ouverture qui rendit l’espérance aux plus abattus.

Il se nommait Vasco Nugnez de Balboa, et cette occasion fut la première source du crédit et de la réputation qui le conduisirent dans la suite au plus haut degré de la gloire et de la fortune. Chargé de dettes, et poursuivi par ses créanciers, il avait trouvé le moyen de s’embarquer secrètement avec Enciso, en se faisant porter à bord dans un tonneau ; il avait attendu, pour se faire voir, que le vaisseau fut assez loin en mer ; et Enciso, fort irrité de cette tromperie, l’avait menacé de le dégrader dans la première île déserte, parce que, suivant les lois que le gouverneur d’Espagnola avait portées en faveur des créanciers, il méritait la mort ; mais adouci par ses soumissions et par les instances de ceux qui avaient demandé grâce pour lui, Enciso s’était déterminé à lui pardonner.

Cet aventurier, âgé de trente-cinq ans, et qui joignait à une belle figure beaucoup d’esprit, de vigueur et d’intrépidité, voyant manquer le courage à tous ses compagnons, et cherchant à se distinguer par quelque service important, leur dit que, dans le voyage qu’il avait fait avec Bastidas, il avait pénétré jusqu’au fond du golfe, et qu’il se souvenait d’y avoir visité, à l’ouest d’une belle et grande rivière, une bourgade abondante en vivres, dont les habitans n’empoisonnaient point leurs flèches. Ce récit fit renaître l’espérance des Castillans.