Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques maisons pour faire cesser cette attaque importune. Enfin les ennemis tournèrent le dos ; mais en fuyant ils rompaient les ponts et faisaient tête de l’autre côté des canaux. Cortez fit poursuivre les autres dans plusieurs quartiers. Il perdit douze hommes, et la plupart des autres ne revinrent pas sans blessures. Du côté des Mexicains, le nombre des morts fut si grand, que les rues étaient couvertes des corps qu’ils n’avaient pu retirer, et les canaux teints de sang.

On donna quelques jours au repos, mais toujours à la vue de l’ennemi, qui revenait un moment à l’attaque, et qui se dissipait avec la même facilité. Dans cet intervalle, Cortez hasarda quelques propositions d’accommodement par divers officiers de Montézuma qui ne s’étaient point éloignés de leur maître. Ce soin ne lui fit pas perdre l’attention qu’il devait à sa défense. Il fit construire quatre châteaux mobiles en forme de tours, qui pouvaient être traînés sur des roues pour les employer dans l’occasion d’une nouvelle sortie. Chaque tour pouvait contenir vingt ou trente hommes. Elles étaient garnies de fortes planches, qui pouvaient résister aux plus grosses pierres qu’on jetait des fenêtres ou des terrasses ; et sur toute leur face elles étaient percées d’un grand nombre de trous par lesquels on pouvait tirer sans se découvrir. Cette invention parut propre non-seulement à garantir les soldats, mais encore à leur faciliter le moyen de mettre le feu aux édifices