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Le peuple, qui ne fut informé que du carnage de ses chefs et du pillage de leurs joyaux, attribuant cette exécution à l’avance effrénée des Espagnols, en conçut tant de fureur, qu’il prit aussitôt les armes sans que les conjurés y eussent contribué par leurs exhortations ou par leurs soins. »

La nuit qui suivit l’arrivée de Cortez ne fut pas moins tranquille que le jour précédent. Ce silence, qui régnait encore le lendemain, paraissant couvrir quelque mystère, Ordaz fut commandé pour aller reconnaître la ville à la tête de quatre cents hommes, Espagnols et Tlascalans. Il s’engagea dans la plus grande rue, où il découvrit bientôt une troupe d’Américains armés, que les séditieux n’y avaient postés que pour l’attirer dans leurs pièges. En effet, lorsqu’il se fut avancé dans le dessein de faire quelques prisonniers, dont il voulait tirer des informations, il se vit couper le passage par des armées entières, qui vinrent le charger de toutes les rues voisines ; tandis qu’une populace innombrable, qui se montra tout d’un coup aux fenêtres et aux terrasses, fit pleuvoir une grêle de pierres et de traits.

Ordaz eut besoin de toute sa valeur et de toute son expérience pour repousser une si vive attaque. Il forma son bataillon suivant l’étendue et la disposition du lieu, avec la précaution de le border de piquiers, tandis que les arquebusiers, qui composaient le centre, eurent ordre de tirer aux fenêtres et aux ter-