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de ses informations ; et, dans cette incertitude, il leur accorda ce qu’ils demandaient, à condition qu’ils ne portassent point d’armes, et qu’ils ne répandissent point de sang humain dans leurs sacrifices ; mais apprit bientôt qu’ils avaient employé la nuit précédente à transporter secrètement leurs armes dans les lieux voisins du grand temple. Sur cet avis, il prit des mesures pour attaquer les principaux conjurés pendant leur danse, c’est-à-dire avant qu’ils fussent armés et qu’ils eussent commencé à soulever le peuple. Il sortit avec cinquante Espagnols, sous prétexte de satisfaire sa curiosité en assistant à la fête ; il s’approcha du temple, où les conjurés, qui s’y étaient déjà rendus, la plupart ivres et sans défiance, se disposaient à danser pour attirer le peuple au spectacle ; mais, sans leur laisser le temps de se reconnaître, il les fit charger par ses gens, qui en tuèrent une partie, et qui forcèrent les autres à se jeter par les fenêtres du temple.

Quelque jugement qu’on doive porter de cette entreprise, l’historien confesse qu’elle fut exécutée avec plus d’ardeur que de prudence, et que les Espagnols déshonorèrent leur cause en se jetant sur les morts et sur les blessés pour arracher les joyaux dont ils les voyaient couverts. D’ailleurs Alvarado se retira sans prendre soin d’informer le peuple des raisons de sa conduite, et SoliS lui en fait un reproche. « Il devait, dit-il, publier la conspiration et montrer les armes que les nobles avaient cachées.