Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais, loin d’avoir quitté les armes, leur grand nombre et la mort des quatre Espagnols leur inspiraient tant d’audace, qu’ayant appris le retour de Cortez, ils n’avaient pris la résolution de s’éloigner du quartier que pour lui laisser le temps et la liberté d’y revenir, dans la confiance qu’y étant une fois renfermé avec tous ses gens, ils réussiraient plus heureusement que le prince de Tezcuco à détruire les ennemis de leur religion et de leur empire.

Solis, qui fait profession d’avoir pesé tous les témoignages, assure, comme une vérité constante, qu’après le départ de Cortex, les Espagnols observèrent beaucoup de relâchement dans l’attention et la complaisance que les nobles avaient témoignées pour eux, et qu’Alvarado, en ayant pris occasion de veiller sur leurs démarches, apprit de ses émissaires qu’on faisait des assemblées dans quelques maisons de la ville. On approchait d’un jour solennel où l’usage était d’honorer les idoles par des danses publiques. Alvarado, suivant le même récit, fut informé que les conjurés avaient choisi ce temps pour soulever le peuple en l’exhortant à prendre les armes pour la liberté de leur empereur et la défense de leurs dieux. Le même jour, au matin, quelques-uns affectèrent de se montrer dans le quartier des Espagnols, et demandèrent même au commandant la liberté de célébrer leur fête, dans l’espoir de lui fermer les yeux par cette apparence de soumission. Elle le fit douter en effet de la vérité