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Le souvenir d’Alvarado et de ses compagnons, qui se trouvaient comme abandonnés à la bonne foi de Montézuma, était l’unique sujet de chagrin qui troublât Cortez ; il était résolu de ne pas perdre un moment pour se délivrer de cette inquiétude, en retournant à Mexico ; mais plus de mille Espagnols qu’ilcvoyait réunis tranquillement sous ses ordres lui parurent une armée trop nombreuse et capable d’alarmer les Mexicains. Il n’aurait pas fait difficulté d’en laisser une partie à Vera-Cruz, s’il n’eût craint les mouvemens qui pouvaient naître de l’oisiveté, surtout parmi les nouvelles troupes, qu’il n’avait point encore eu le temps de former à sa discipline. Dans cet embarras, il résolut de les employer à d’autres conquêtes ; il nomma Jean Vélasquez de Léon pour aller soumettre avec deux cents hommes la province de Panuco ; et Ordaz avec le même nombre pour peupler celle de Cuazacoalco. Environ six cents soldats espagnols qui composaient le reste de l’armée lui parurent suffisans pour faire son entrée dans Mexico, avec l’éclat d’un vainqueur qui voulait conserver quelque apparence de modération.

Mais lorsqu’il se préparait au départ, il reçut une lettre par un courrier d’Alvarado qui l’obligea de changer toutes ses résolutions. On l’informait que les Mexicains avaient pris les armes, et que, malgré Montézuma, qui n’avait pas quitté le quartier des Espagnols,