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vaëz se tourna vers lui, et lui dit d’un air assez fier : « Seigneur capitaine, estimez l’avantage qui me rend aujourd’hui votre prisonnier. » Cortez jugea que cet orgueil méritait d’être humilié. Il répondit sans s’émouvoir : « Mon ami, il faut louer Dieu de tout ; mais je vous assure sans vanité que je compte cette victoire et votre prise entre mes moindres exploits. » Après l’avoir fait panser soigneusement, il le fit conduire à Vera-Cruz.

À la pointe du jour, on vit arriver les deux mille Chinantlèques, à qui toute leur diligence n’avait pu faire surmonter plus tôt les difficultés d’une longue route. Cortez leur fit le même accueil que s’il eût tiré quelque fruit de leur zèle, et les renvoya quelques jours après dans leur province avec des remercîmens et des caresses qui les disposèrent plus que jamais à lui offrir leurs services. Le cacique de Zampoala, qui s’était tu long-temps comme esclave de Narvaëz, fit éclater aussi sa joie, et tous les habitans du pays célébrèrent la victoire de leurs anciens alliés. Au milieu de ces soins, Cortez n’oublia point combien il était important pour lui de s’assurer de la flotte. Il dépêcha ses plus fidèles officiers pour faire transporter à Vera-Cruz les voiles, les mâts et les gouvernails des vaisseaux, et pour mettre ses pilotes et ses matelots à la place de ceux de Narvaëz, avec un commandant que Diaz nomme Pierre Cavallero, et qu’il honore du titre d’amiral de la mer.