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pour ceux qui souhaiteraient de retourner à Cuba, firent quitter les armes au plus grand nombre. Cortez donna ordre qu’elles fussent reçues et soigneusement gardées à mesure qu’ils venaient les rendre en troupes, sans excepter celles de ses partisans secrets, qu’il ne voulait pas faire connaître, parce que leur exemple servait à déterminer les autres. Ce soin de les désarmer était d’autant plus important, qu’à la pointe du jour, s’apercevant que leurs vainqueurs étaient en si petit nombre, ils regrettèrent beaucoup de s’être abandonnés à d’indignes frayeurs. Cependant les civilités de Cortez, et l’opinion qu’ils prirent bientôt de son caractère, devinrent un lien si puissant pour les attacher à lui, qu’il n’y en eut pas un seul qui acceptât l’offre d’être reconduit à Cuba. Il ne restait à soumettre que la cavalerie, qui, n’ayant pu prendre part au combat, en attendait le succès dans la plaine ; mais elle fut réduite aisément par les voies de la douceur. Cortez ne perdit que deux hommes dans l’action, et deux autres qui moururent quelques jours après de leurs blessures. Entre les gens de Narvaëz on compta quinze morts et un fort grand nombre de blessés.

Cortez ne se refusa point le plaisir de voir son prisonnier ; mais, loin de l’insulter dans sa disgrâce, il affecta de ne pas lui annoncer son arrivée ; et Solis assure même que son dessein était de le voir sans se faire connaître ; mais, le respect des soldats l’ayant trahi, Nar-