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dent fit perdre l’espérance qu’on avait eue de surprendre les ennemis. Cependant, comme il y avait beaucoup d’apparence que la crainte d’être arrêté ferait prendre quelques détours au fugitif, on résolut de s’avancer promptement, soit pour arriver avant lui, soit pour attaquer les ennemis mal éveillés, s’ils étaient avertis, et dans le trouble d’une première alarme. La sentinelle, que la peur avait rendue fort légère, arriva dans la ville avant Cortez, et répandit la frayeur. Mais Narvaëz, ne pouvant se persuader qu’une troupe d’aventuriers, dont il méprisait le nombre, osât l’attaquer dans une grande ville, ni qu’elle eût pu quitter son poste par un si mauvais temps, rejeta brusquement l’avis, et celui qui l’apportait.

Il était minuit lorsque Cortez entra dans Zampoala, et son cri de guerre, Saint-Esprit, qui était pris, suivant la remarque des historiens, de la fête qu’on avait célébrée le même jour, nous apprend que c’était celle de la Pentecôte. Narvaëz était logé avec toute son armée dans le plus grand temple de la ville. Ses coureurs pouvaient s’être égarés ou s’être mis à couvert pendant la pluie ; mais des soldats tels que ceux de Cortez, endurcis à la fatigue, et supérieurs à la crainte, pénétrèrent jusqu’au pied du temple sans s’embarrasser s’ils avaient été découverts. Leurs chefs furent surpris néanmoins de ne rencontrer aucune garde. La dispute de Narvaëz durait encore avec la sentinelle qui l’avait averti. Quoique cet avis passât