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à son bonheur pour s’en promettre le succès qu’il obtint. Ce fut de surprendre pendant la nuit, au milieu de Zampoala, ses ennemis mouillés et rebutés de la fatigue du jour. Après avoir communiqué ce projet à ses troupes, et les avoir animées avec la plus vive éloquence, il les divisa en trois corps, dont il donna le premier à Sandoval, et le second à Olid ; il prit lui-même le commandement du troisième, et avec quelques-uns de ses plus braves officiers il donna l’exemple en passant dans l’eau jusqu’à la ceinture. Herréra prétend que, par représailles, la tête de Narvaëz fut mise à prix, et que Cortez, pour justifier plus que jamais sa cause, donna par écrit à Sandoval, qui faisait l’office de général-major, un ordre qui portait « que Narvaëz étant entré dans le pays à force ouverte, au préjudice des intérêts de l’Espagne, de la religion et du domaine royal, et n’ayant voulu ni montrer ses provisions, ni prêter l’oreille aux propositions d’accommodement, Fernand Cortez, commandant de la nation espagnole au Mexique, ordonnait à tous les capitaines, cavaliers et soldats de son armée de se saisir de sa personne, et de le tuer, s’il faisait quelque résistance. »

L’armée avait fait près d’une demi-lieue dans les ténèbres, lorsque les coureurs amenèrent une sentinelle de Narvaëz qu’ils avaient enlevée ; mais ils rapportèrent qu’il leur en était échappé une, qui s’était dérobée entre les buissons à la faveur de l’obscurité. Cet inci-