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Cortez, on dressa une capitulation authentique par laquelle l’heure et le lieu de la conférence étaient désignés, et que chacun des commandans s’engagea par écrit à s’y rendre, accompagné seulement de dix officiers, qui devaient servir de témoins à leurs conventions. Mais, tandis que Cortez se disposait à remplir son engagement, il reçut avis par un courrier secret de Duéro, qu’on lui préparait une embuscade, dans le dessein de l’enlever ou de lui ôter la vie ; et cette nouvelle lui fut confirmée par d’autres officiers de Narvaëz, qui se sentaient de l’horreur pour la trahison. Un dessein si noir l’obligeant de renoncer à toutes sortes de ménagemens, il écrivit à son ennemi, non-seulement pour lui reprocher sa perfidie, mais pour lui déclarer qu’il rompait le traité, et qu’il déciderait leur querelle par la voie des armes.

Quoiqu’il n’eût encore aucune nouvelle de la marche des Américains auxiliaires, il hâta celle de son armée : elle n’était composée que de deux cent soixante-six Espagnols et des Américains chargés du bagage ; mais, jugeant qu’un ennemi capable de tant de bassesses avait peu de fond à faire sur ses propres troupes, il ne craignit point d’asseoir son camp à moins d’une lieue de Zampoala, dans un poste à la vérité qui se trouvait fortifié en tête par un ruisseau, que les Espagnols avaient nommé rivière des canots, et derrière lequel il avait à dos la ville de Vera-Cruz. Narvaëz fut informé de ce mouvement ; son impétuosité plus que sa diligence