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gnait dans l’armée ennemie, et ce récit lui fut confirmé par Sandoval, qui avait fait entrer dans Zampoala deux Espagnols déguisés. Il regarda la négligence de Narvaëz comme une marque de la confiance qu’il prenait à ses forces, et du mépris qu’il faisait du petit nombre de ses adversaires. Mais, quelque avantage qu’il crût pouvoir tirer de cette vaine présomption, il ne voulut pas rompre ouvertement, sans avoir fait de nouveaux efforts pour obtenir la paix. Olmédo fut envoyé pour la seconde fois ; et sa négociation n’ayant pas mieux réussi, le général, soit pour mettre toute la justice de son côté, soit pour se donner le temps de recevoir les deux mille Américains qu’il attendait de Chinantla, résolut d’envoyer Jean Vélasquez de Léon, que la distinction de sa naissance et l’honneur qu’il avait d’appartenir de près par le sang au gouverneur de Cuba rendaient fort propre à cette médiation. Narvaëz avait tenté inutilement de l’attirer dans son parti ; et Cortez avait eu d’autres preuves de sa fidélité, auxquelles il ne pouvait répondre avec plus de noblesse qu’en remettant une affaire si délicate à sa bonne foi.

Lorsqu’il entra dans Zampoala, tous les Espagnols se persuadèrent qu’il venait se ranger sous leurs étendards, et Narvaëz s’empressa d’aller au-devant de lui ; mais, après quelques explications, ces civilités furent suivies de tant d’emportement et de violence, que Vélasquez, irrité jusqu’à défier ceux qui oseraient blesser