Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En quittant ses quartiers, il y laissa quatre-vingts Espagnols sous le commandement d’Alvarado, pour lequel il avait remarqué de l’affection aux Mexicains, et dont il connaissait d’ailleurs le courage et la conduite. Il lui recommanda particulièrement de conserver à l’empereur cette espèce de liberté qui l’empêchait de sentir les dégoûts de sa prison, et d’apporter néanmoins toute son adresse à lui ôter les moyens d’entretenir des pratiques secrètes avec les prêtres et les caciques. Il remit à sa charge le trésor du roi et celui des particuliers. Les soldats qui demeuraient sous ses ordres promirent, non-seulement de lui obéir comme à Cortez même, mais encore de rendre à Montézuma plus de respect et de soumission que jamais, et de vivre dans une parfaite union avec tous les Mexicains. La principale difficulté semblait consister à s’assurer des dépositions de l’empereur, dont le moindre changement pouvait renverser les plus sages précautions. Cortez, par des ressources de génie qui augmentaient dans ses plus grands embarras, parvint à lui persuader qu’il n’avait pas d’autre intention que de le servir, et qu’il reviendrait bientôt prendre congé de lui pour retourner en Espagne avec ses présens, et l’assurance de son amitié, qui paraîtrait d’un prix inestimable au grand prince dont il avait accepté l’alliance. Il le toucha par ses respects et par son langage, jusqu’à lui faire engager sa parole de ne pas abandonner les Espagnols, qui se fiaient à sa