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soldats, qui étaient prêts à mourir pour lui, et soutenu par un prince aussi puissant que Montézuma, qui pouvait mettre autant d’armées sur pied que Narvaëz avait d’hommes sur sa flotte ; enfin qu’une affaire de cette importance demandait une mûre délibération, et qu’il laissait aux amis de Vélasquez le temps de penser à leur réponse.

Après cette espèce de bravade, qu’il avait crue nécessaire pour diminuer la confiance de Narvaëz, il vit ouvertement d’Aillon et Duéro, qui ne firent pas difficulté d’approuver son zèle et ses ouvertures de paix. Il continua de voir les officiers et les soldats de sa connaissance ; et, ménageant avec adresse ses discours et ses présens, il avait déjà commencé à former un parti en faveur de Cortez ou de la paix, lorsque Narvaëz, averti de ses progrès, les interrompit par des injures et des menaces. Il l’aurait fait arrêter, si Duéro ne s’y était opposé par ses représentations ; et, dans sa colère, il lui ordonna de sortir sur-le-champ de Zampoala. D’Aillon prit part à ce démêlé pour soutenir qu’on ne pouvait renvoyer un ministre de paix sans avoir délibéré sur la réponse qu’on devait faire à Cortez. Plusieurs officiers appuyèrent cette proposition ; mais Narvaëz, transporté d’impatience et de mépris, ne répondit que par un ordre de publier à l’heure même la guerre à feu et à sang contre Fernand Cortez, et de le déclarer traître à l’Espagne. Il promit une récompense à celui qui le