Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 13.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressentiment, Guevara chercha d’un autre côté à se faire entendre, releva de toute sa force les généreuses bontés de Cortez : les uns furent touchés de ses raisons, d’autres furent charmés par la vue de ses présens ; et l’inclination générale était pour la paix. Ainsi, les Espagnols et les Américains commencèrent également à juger fort mal de la dureté de Narvaëz.

Barthélemi d’Olmédo, premier aumônier de Cortez, dont l’éloquence et la sagesse donnaient beaucoup d’autorité à son caractère, suivit de près Guevara ; il était chargé de proposer tous les moyens qui pouvaient conduire à l’union, avec des lettres particulières pour Luc Vélasquez d’Aillon, et pour André Duéro, auxquelles Cortez avait joint des présens qui devaient être distribués suivant l’occasion. Ce député ne fut pas écouté plus favorablement de Narvaëz : on répondit à ses offres de paix et d’amitié qu’il ne convenait point à la dignité d’un gouverneur de Cuba de traiter avec des sujets rebelles, dont le châtiment était le premier objet de son armée ; que Cortez et tous ceux qui lui demeuraient attachés allaient être déclarés traîtres, et que la flotte avait apporté assez de forces pour lui enlever ses conquêtes. Olmédo repartit avec autant de force que de modération que les amis de Diégo de Vélasquez devaient penser deux fois à leur entreprise ; qu’il n’était pas aussi facile qu’ils le supposaient de vaincre un général de la valeur et de l’habileté de Cortez, adoré de tous ses