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par le secours dés Américains alliés, et par toutes les ressources du courage et de la prudence.

Pendant que la fortune préparait ces obstacles à Cortez, divers avis, qu’il reçut par intervalles, lui donnèrent des lumières certaines sur ce qui n’avait encore excité que ses soupçons ; il apprit par le courrier de Sandoval, non-seulement que Narvaëz avait débarqué ses troupes et déclaré sa commission, mais qu’il s’avançait droit à Zampoala avec son armée.

Il ne pouvait entreprendre sans témérité d’aller combatte Narvaëz avec des forces inégales, dont il était même obligé de laisser une partie en garnison à Mexico pour garder les trésors qu’il avait acquis, et pour conserver cette espèce de garde que Montézuma souffrait encore. La prudence ne lui défendait pas moins d’attendre l’ennemi dans Mexico, au hasard de remuer l’humeur séditieuse des habitans, en leur donnant un prétexte d’armer pour leur conservation. Il ne se sentait point d’éloignement pour traiter avec Narvaëz et pour joindre leurs intérêts et leurs forces ; mais ce parti, qui lui semblait le plus raisonnable, était aussi le plus difficile : il connaissait la rudesse et la fierté de cet officier. Enfin la nécessité de s’expliquer avec Montézuma, et de donner une couleur honorable à ses démarches, quelque parti qu’il pût embrasser, était un autre sujet d’embarras, et d’autant plus pressant, que ce prince, alarmé lui-même