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draient tous la vie pour la défense de leur chef et pour la conservation de ses droits. Guevara, ne suivant que l’impétuosité de son humeur, s’emporta jusqu’aux injures. Il donna le nom de traître à Cortez, et ceux qui le reconnaissaient pour chef ne furent pas plus ménagés. Ils s’efforcèrent en vain de l’apaiser en lui représentant ce qu’exigeait la bienséance de son caractère, et de lui faire comprendre du moins à quoi il avait obligation de leur patience. Sandoval lui pardonna ses invectives ; mais voyant que, sans changer de style, il ordonnait à son notaire de signifier les ordres dont il était chargé, pour faire connaître à tous les Espagnols qu’ils étaient obligés, sous peine de la vie, d’obéir à Narvaëz, il jura qu’il ferait pendre sur-le-champ celui qui aurait la hardiesse de lui signifier des ordres qui ne vinssent pas du roi même ; et, dans le mouvement de cette première chaleur, il fit arrêter les envoyés. Ensuite, faisant réflexion que, s’il les renvoyait à Narvaëz après cet outrage, ils pourraient lui communiquer leur ressentiment, il prit le parti de les faire transporter à Mexico. Des Indiens, qui furent appelés aussitôt, les mirent dans une espèce de litière qu’ils nomment andas, et les portèrent sur leurs épaules, escortés de quelques soldats, sous la conduite de Pierre de Solis. Sandoval informa le général, par un courrier, de l’arrivée de ses ennemis, et de la conduite qu’il avait tenue. Après, quoi, s’étant assuré de la fidélité de ses soldats, il se fortifia