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que et dans la colonie, Narvaëz, qu’ils flattèrent peut-être aux dépens de Cortez, se promit de traiter facilement avec Sandoval, gouverneur de Véra-Cruz, et d’entrer dans la ville, soit pour la garder au nom de Vélasquez, soit pour la raser, en joignant à son armée les soldats de la garnison. Il commit cette négociation à un ecclésiastique qui le suivait, nommé Jean Ruitz de Guevara, homme d’esprit, mais plus emporte qu’il ne convenait à sa profession. Un notaire eut ordre de le suivre avec trois soldats, qui devaient servir de témoins.

Sandoval, qui avait doublé les sentinelles pour être averti de tous les mouvemens de la flotte, fut informé de l’approche des envoyés, et ne fit pas difficulté de leur faire ouvrir les portes. Guevara lui remit sa lettre de créance ; et, lui ayant exposé les forces que Narvaëz conduisait, il ajouta qu’elles venaient tirer satisfaction de l’outrage que Cortez avait fait au gouverneur de Cuba, et se mettre en possession d’une conquête qui ne pouvait appartenir qu’à lui, après avoir été entreprise à ses frais et par ses ordres. Sandoval répondit avec une émotion qu’il eut peine à cacher que Cortez et ses compagnons étaient fidèles sujets du roi, et que, dans l’état où ils avaient mis la conquête du Mexique, ils devaient espérer pour l’honneur et l’intérêt de l’Espagne que Narvaëz s’unirait à eux pour terminer une si belle entreprise ; mais que, s’il tentait quelque violence contre Cortez, il pouvait compter qu’ils per-