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duisit ses ordres ; mais ils n’eurent pas plus de pouvoir, et cet esprit violent se précipita ainsi dans la même désobéissance dont il faisait un crime à Cortez. D’Aillon, le voyant obstiné dans son entreprise, témoigna quelque désir de voir un pays aussi renommé que le Mexique, et demanda la permission de faire ce voyage par un simple motif de curiosité. On doute si sa résolution venait de lui ou de ses instructions ; mais elle fut approuvée de toute l’armée, qui la crut capable d’arrêter les suites d’une rupture éclatante entre les deux partis ; et Vélasquez même ne s’y opposa point, quoique son seul motif fût d’empêcher qu’on n’apprît trop tôt à Saint-Domingue le refus qu’il avait fait d’obéir. André Duero, son secrétaire, le même qui avait contribué anciennement à la fortune de Cortez, s’embarqua sur la même flotte, dans le dessein apparemment de faire aussi l’office de médiateur.

La flotte mit à la voile, et eut un vent favorable. C’était elle dont les courriers mexicains avaient déjà porté la description à Montézuma, et que Cortez, dans la flatteuse opinion qu’il avait de sa fortune, prenait pour un secours que Montéjo lui amenait d’Espagne. Elle jeta l’ancre dans le port d’Ulua, et Narvaëz mit quelques soldats à terre pour prendre langue, et reconnaître le pays. Ils rencontrèrent deux Espagnols qui s’étaient écartés de Véra-Cruz, et qu’ils amenèrent à bord. Ces deux hommes n’ayant pu cacher ce qui se passait au Mexi-