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siens, en partageant d’avance avec eux les trésors qu’il devait tirer des régions conquises, le rendit capable d’assembler en peu de temps huit cents hommes d’infanterie espagnole, quatre-vingts cavaliers, et dix ou douze pièces d’artillerie, avec une abondante provision de vivres, d’armes et de munitions. Il nomma pour commander cette armée Pamphile de Narvaëz, né à Valladolid, homme de mérite et fort considéré, mais trop attaché à ses opinions, qu’il soutenait avec dureté. Il lui donna la qualité de son lieutenant, en prenant lui-même celle de gouverneur de la Nouvelle-Espagne, et l’ordre secret de s’attacher particulièrement à se saisir de Cortez.

Les Hiéronymites, qui présidaient encore à l’audience royale de Saint-Domingue, furent instruits de ces préparatifs, et, leur autorité s’étendant sur toutes les autres îles, ils se crurent obligés de faire représenter à Diégo de Velasquez les malheurs qui pouvaient résulter d’une si dangereuse concurrence, et de l’exhorter à soumettre ses querelles et ses prétentions aux tribunaux de la justice. Le licencié Luc Vélasquez d’Aillon, qui fut chargé de cet ordre, trouva la flotte de Cuba composée de onze navires de haut bord et de sept brigantins, et prête à mettre à la voile. Ses remontrances n’ayant fait aucune impression sur le gouverneur, qui se croyait trop relevé par sa nouvelle qualité d’adelantade pour reconnaître des supérieurs dans son gouvernement, il pro-